04/11/2008

Chères et chers camarades de la FFE,


Le Parti Socialiste français est aujourd’hui à un véritable tournant.

Vivant à l'étranger, vous percevez mieux que quiconque l'importance que revêt le socialisme dans le monde et la nécessité d'avoir un Parti enfin en capacité de proposer une alternative crédible et ambitieuse au libéralisme en faillite. Face à la crise actuelle qui consacre l'échec flagrant d’une mondialisation financière dérégulée, les idées socialistes n'ont en effet jamais été aussi pertinentes.

Si l'intervention publique coordonnée au plan international est nécessaire pour lutter contre l’écroulement du système bancaire et lutter contre la récession de l’économie réelle, nous affirmons aussi qu'elle doit être conditionnée à une révolution en profondeur du système financier international. Il faut revoir de fond en comble les règles prudentielles, limiter la possibilité de sortir les créances des bilans des banques par le procédé de titrisation, assujettir les fonds spéculatifs aux règles de solvabilité bancaires, créer de nouveaux mécanismes d'évaluation avec une agence publique européenne de notation, interdire les bonus non assujettis à l'impôt sur le revenu et surtout lutter contre les paradis fiscaux en refusant l'accès au territoire européen aux fonds ayant leur siège social dans de tels territoires.

C’est donc de système qu’il faut changer, en défendant une volonté radicale de transformation sociale. La mondialisation peut porter un progrès de civilisation. On ne peut pas, lorsque l'on est socialiste, renoncer à l'internationalisme, renoncer à équilibrer les pays riches et les pays pauvres, renoncer à la liberté de circulation. Le co-développement et l'immigration sont ainsi des sujets que nous devrons ré-aborder sincèrement. Notre économie doit beaucoup à ceux qui viennent d'ailleurs travailler dur chez nous. Socialistes, nous devons opposer à la politique sécuritaire, inefficace et immorale de Nicolas Sarkozy une vraie politique des migrations, au niveau national et européen, axée sur un principe de bon sens : pour réduire l'immigration illégale, il faut d'abord un bon système d'immigration légale. Nous sommes attachés aussi à l’idée d’une transformation de l’Organisation Mondiale du Commerce en une Organisation Mondiale du Développement, inscrivant les droits de l’homme, le droit du travail et le respect de l’environnement au plus haut des règles du commerce équitable et reconnaissant un degré de protection aux productions locales, progressif en fonction du degré de développement des pays concernés.

Depuis plusieurs années et singulièrement depuis 2007, les communautés françaises à l’étranger subissent le désengagement de l’Etat voulu par la droite. Nous devons le dénoncer et le combattre car il fragilise des centaines de milliers de familles. Justifier le recul patent du service public consulaire par le développement de la coopération consulaire européenne est une bien mauvaise plaisanterie lorsque l’on sait tous les progrès qu’il reste malheureusement à accomplir pour lui donner un réel contenu. Sous-traiter l’aide sociale à l’étranger au profit d’associations d’entraide à la gouvernance à tout le moins incertaine est inacceptable dans un État républicain. Enfin, fragiliser le financement et, partant de là, l’avenir même des écoles françaises en raison de la gratuité par niveau décidée sans concertation aucune par Nicolas Sarkozy est une rare injustice. Il faut clairement un État fort et actif à l’étranger. Il faut encourager et aider les communautés françaises, non les bercer par des propos démagogiques et les précariser dans les faits. C’est du renforcement du service public consulaire dont il s’agit, de l’accès à une assurance médicale minimale pour tous les Français de l’étranger et de la gratuité scolaire en fonction des revenus par un juste système de bourses.

Vous avez eu raison de mener le combat des députés des Français de l’étranger depuis de longues années. Ce n’est que justice que vous puissiez désormais élire vos propres parlementaires à l’Assemblée Nationale. Malgré le travail remarquable de vos Sénateurs, le dévouement formidable sur le terrain de vos élus Conseillers à l’Assemblée des Français de l’Étranger, une représentation parlementaire unijambiste empêchait la prise en compte efficace de vos intérêts par le Parlement. Ce progrès majeur devra être suivi par un autre, qui sera la transformation de l’Assemblée des Français de l’Etranger en un Conseil Général d’outre-frontière, doté de compétences et de moyens sur l’action sociale, les bâtiments scolaires et l’action culturelle de proximité. Nous entendons aussi que soit généralisé le vote à distance et par Internet à toutes les élections organisées à l’étranger, y compris aux élections européennes dont la suppression dans les centres de vote en 2003 avait été un mauvais coup du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. En un mot, il est temps de donner aux Français de l’étranger, qui sont une chance pour notre pays, toute la place qui doit être la leur au sein des institutions de la République.

Chers camarades, nous sommes aujourd’hui exposés à une crise profonde. Crise économique, crise écologique, mais aussi crise des valeurs de solidarité et de progrès social. Dans le monde se lève pourtant un vent de révolte contre la fatalité, contre l’injustice, en un mot contre l’inacceptable. Il est porté admirablement par Barack Obama aux Etats-Unis, dont la victoire le 4 novembre sera un évènement d’envergure planétaire. L’espoir est en marche. Parce qu’en France, nous incarnons cet espoir, parce que nous sommes fiers d’être socialistes, porteurs d’un héritage centenaire de luttes pour le progrès partagé, nous ne devons pas rater le Congrès de Reims. Les Français nous attendent. Ce Congrès doit être utile pour eux. Ne les décevons pas. Ne les désespérons pas. Ne laissons pas d’autres, loin du Parti Socialiste, incarner l’opposition à Nicolas Sarkozy.

La motion E permet de se doter d’un Parti renouvelé et rénové, de clarifier notre ligne politique et ainsi de rassembler les socialistes, puis les Français. L’alternance est à ce prix, à l’étranger aussi où l’action des équipes successives de la FFE a conduit la gauche à des résultats si prometteurs en 2007. Nous avons beaucoup à construire ensemble. Il est grand temps. Faisons du Congrès de Reims le début de la reconquête.

Amitiés socialistes,



Ségolène Royal Gérard Collomb Gaëtan Gorce Frédéric Léveillé

Lettre aux militants

Chers toutes et tous,


On voudrait nous faire croire que le vote que nous allons faire jeudi est anodin, comme si les élections américaines devaient absorber tous les regards.
Mais non ! Ce vote est très important, historique même, et vous avez une responsabilité essentielle. N’oublions jamais que dans de nombreux pays des hommes et des femmes risquent leur vie pour créer des partis libres. Nous qui avons la chance de pouvoir agir, faisons-le, et je vous appelle à participer très nombreux à ce vote.

Car même si les Français ne comprennent pas toujours nos procédures, ce vote du Congrès va dire ce que l’avenir de la gauche sera.


Oui ou non, voulons-nous écrire une nouvelle page de notre histoire, vibrante et populaire ?

Oui ou non, notre parti va-t-il enfin bouger ?

Oui ou non, la nouvelle génération que nous poussons en avant va-t-elle pouvoir prendre ses responsabilités ?

Oui ou non, le peuple que j’ai vu tellement présent et attentif au cours de ces derniers mois, va-t-il venir vers nous parce que nous saurons lui redonner de l'espoir ?


L'histoire nous enseigne que les civilisations sont mortelles. Pourquoi en serait-il autrement pour un parti ? Comme l'ont dit les femmes salariées de la Camif, les ouvriers de Ford et bien d’autres : « Le PS peut disparaître s'il s'éloigne du peuple. »

Même si ces mots nous secouent, il faut les entendre. Alors secouons-nous. Ne retournons pas à la case départ. Choisissons l’avenir. Donnons-nous un temps d’avance.

Nous n’avons pas le droit d’être faibles ou de disparaître au moment où la France a besoin de nous. N’oublions jamais la confiance que dix-sept millions de Français ont placée en nous, et pensons aussi à toutes celles et ceux cruellement déçus par une droite dont l’insolence le dispute à l’incompétence.

Aujourd’hui l’Amérique métissée assume son histoire. Et nous? Pourquoi renoncer à tendre la main à la France métissée qui a tant cru en nous et ne demande qu’à revenir vers nous ? N’y renonçons pas. Nous le ferons.


Imaginons que les Français, grâce à nous, se ré-intéressent à la politique.

Imaginons qu’on leur donne, nous socialistes, les clefs pour comprendre le monde et donc peser sur les choix de société.

Imaginons que nous apportions au mouvement social notre énergie pour inverser les rapports de force entre le capital et le travail.

Imaginons un parti dans lequel le coût de l’adhésion, désormais très modique, permettrait à la jeunesse, aux employés, aux ouvriers, aux petits retraités, de venir nous rejoindre.


Il faut oser un parti tellement uni et où les militants sont tellement respectés que lorsqu’ils désignent un ou une candidate, tous les autres font campagne pour la victoire. C’est possible, comme viennent de le montrer les forces qui se sont rangées autour de Barack Obama.

Il faut oser tout transformer pour mieux atteindre notre objectif. Quel est cet objectif ? Humaniser le monde. Agir pour que les valeurs humaines s’imposent toujours sur le cynisme financier. Un bout de changement ne suffira pas. Les tumultes actuels le prouvent.


Deux millions d’Italiens se sont levés contre Silvio Berlusconi et sa politique de destruction de l’éducation publique et laïque.

Je vous assure que nous sommes capables d’en faire autant. A condition de le vouloir.


Jeudi 6 novembre, vous pouvez le faire : votez pour une transformation radicale, sereine et utile.

Cette transformation que la droite redoute. Mais une transformation que les Français, notamment ceux qui souffrent, attendent de nous, parfois désespérément.

Oui, nous le voulons ! Oui, nous le pouvons ! En avant !

Fidèlement,

Amitiés socialistes,


Ségolène

5 questions pour un congrès: les réponses de Jean-Louis Bianco

1. Que vous inspire la crise financière actuelle ?



Ce qui se passe montre où conduit la spéculation financière, la recherche effrénée du profit à court terme et l'absence de toute régulation sérieuse.

Les racines du mal sont profondes et durables. La finance de marché a contourné les normes Bâle II (qui imposent aux banques de détenir un dollar de capital environ pour 12 dollars de crédit) et permis à ses acteurs d'accorder 32 dollars de crédit pour un dollar de capital. Par le biais de la titrisation, les banques ont pu revendre leurs créances et prêter toujours plus, au mépris de toute prudence élémentaire, en refusant de voir que le taux d'endettement des ménages américains atteignait des niveaux insoutenables. Quant aux grands fonds spéculatifs, ils n'ont jamais été assujettis à la moindre règle et ce, d'autant moins qu'ils ont souvent leur siège dans des paradis fiscaux.

Cette crise est une preuve de l'échec de la régulation de la finance par elle même. Un monde où les transactions réelles, celles qui concernent les biens et services, ne représentent que 2,7% des transactions monétaires de la planète est un monde de fou.

Aujourd'hui, nous devons donc avoir le courage politique de changer un système financier perverti. Comme l'a rappelé à de nombreuses reprises Ségolène Royal, rien ne serait pire que de simplement colmater les brèches et consolider ce système.

À travers la motion E, nous affirmons qu'un autre monde est possible, un ordre financier, économique, écologique et social juste et efficace. La mondialisation n'est pas forcément porteuse de toujours plus de malheurs, elle peut et doit provoquer un progrès de civilisation. C'est la volonté politique qui arbitrera cette alternative car les propositions existent, notamment au niveau européen. Un certain nombre sont présentes dans notre texte.



2. Quel rôle pour le futur premier secrétaire ?



Le ou la futur(e) Premier(e) secrétaire devra faire des propositions fortes, précises, crédibles sur un nouvel ordre mondial et répondant aux problèmes quotidiens des Français. Il s'agira de porter une opposition très claire face au pouvoir actuel qui défait l'impartialité de l'État sur tous les terrains. En parallèle, il ou elle devra faire de notre formation politique un parti de masse, profondément renouvelé, ouvert et en phase avec la société.



3. Quel fonctionnement pour le PS demain?



La force du PS tient à sa capacité à s'ouvrir en permanence sur l'extérieur. Il nous faut donc de nouvelles formes de militantisme, et des conventions thématiques dans chaque région ou département. Notre formation devra être plus à l'écoute des territoires, des militants, des élus locaux. Les élections locales ont prouvé que les Français faisaient majoritairement confiance aux élus socialistes. Nous devons donc donner plus de poids aux intelligences territoriales mais également reprendre notre place sur le terrain, dans les mouvements sociaux, et travailler largement avec les milieux universitaires, économiques, associatifs, syndicaux et avec l'ensemble des citoyens. Enfin, le Parti devra être en capacité de rassembler sur des bases claires et être audible. Cela passe par une opposition conforme aux valeurs fondamentales des socialistes, avec un projet crédible et ambitieux, et avec des réponses concrètes données aux Français. Il faut défendre une volonté radicale de transformation sociale.



4. Quelles relations envisager avec le MoDem ?



Notre motion est parfaitement claire, d'abord un parti de masse, et la stratégie d'Épinay. Elle consiste d'abord à rassembler la gauche, toute la gauche. Nous n'avons donc pas de divergence avec les autres motions sur ce point. Mais arrêtons l'hypocrisie : dans toutes les motions, il y a des élus qui ont fait alliance avec le MoDem. Nous savons tous que le PS ne peut pas toujours l'emporter seul. Ainsi, nous voulons être cohérents entre nos idées et nos actes. Après avoir rassemblé la gauche, nous devrons discuter avec l'extrême gauche qui devra alors se positionner clairement sur ses motivations. De la même manière, nous devrons discuter avec tous les démocrates (dont les candidats du MoDem) sur la base de notre projet et autour de nos propositions.



5. Citez trois propositions concrètes de votre motion.



La crise que nous connaissons est multiple, nos réponses doivent donc répondre à plusieurs problématiques liées entre elles.

Pour être très concret, je pense important d'évoquer le problème du rapport entre le travail et le capital. La crise du travail en France est bien présente. Par rapport aux autres pays européens, les salariés français sont moins satisfaits de leur situation. Sur ce point, nous proposons de réformer la composition des conseils d'administration des entreprises avec une représentation des salariés à hauteur de 30%.

L'actualité illustre aussi la nécessité pour notre économie de permettre la création d'emplois durables, la soutenabilité de nos comptes publics, la préservation de notre modèle social et la compétitivité de nos entreprises. Proposition très concrète là encore, la conditionnalité des aides qui doivent être subordonnées à la prise de risque, à la création d'emplois non précaires, à la non délocalisation.

Enfin, pour faire d'urgence l'excellence environnementale, nous souhaitons créer un fonds "après pétrole"

(notamment en taxant l'industrie pétrolière) avec deux objectifs : subventionner les installations en énergie renouvelable et financer les transports alternatifs propres.



Ces trois propositions ne sont présentes que dans notre texte.

20/10/2008

Un choix de convictions

Le temps des motions est le plus intéressant dans la vie du parti. C'est le temps de la réflexion, des idées et des propositions qui éclatent comme des feux d'artifice et relèguent enfin, un instant, au second plan, les inévitables rivalités de personnes. Six motions s'offrent à nous aujourd'hui, toutes belles, écrites et signées par d'éminents camarades, dont le nombre et la qualité font la richesse et l'honneur de notre parti.

Je pourrais les signer toutes tant elles se ressemblent sur l'essentiel. Il faut cependant faire un choix; chacun se fondera pour cela sur les différences ou les plus qui emporteront sa conviction.
Pour ma part, j'en ai retenu sept dans la motion E.

  • 1-Sur la crise finançière mondiale que nous traversons, la plus grave depuis 1929,
"De grands dangers menacent. La crise financière mondiale illustre à l'envie les risques d'une économie mondiale dérégulée, qui voit des banques provoquer le sur-endettement de millions de foyers et fermer le robinet du crédit aux petites et moyennes entreprises. .."

"Aujourd'hui les empires financiers s'effondrent comme des châteaux de cartes..."

"Le passage d'un capitalisme industriel à un capitalisme financier favorise l'émergence de crises d'un genre nouveau, extrêmement violentes et pouvant frapper par contagion tous les pays du monde. Premier exemple en date, la crise des subprimes... ".

"Dans ce contexte, il faut s'inquiéter du rôle croissant opéré par les nouveaux acteurs financiers ( fonds de pensions, hedge founds) dont l'unique objet est de réaliser des plus-values boursières de court terme.

"Ceux-là même qui refusaient toute intervention publique réclament aujourd'hui la socialisation des pertes que leur aveuglement a entraînées. Les contribuables, déjà victimes des faillites bancaires, sont donc contraints de payer une deuxième fois pour éponger des dettes dont ils ne sont en rien responsables" .

Ces quelques extraits de la motion E méritaient d'être cités car ils constituent un diagnostic précis de la crise.

Plus loin, viennent les pistes d' avenir:

"Mise en place de dispositifs ( notamment fiscaux) qui orientent l'épargne nationale vers l'investissement productif"

"Une reglementation plus stricte des rémunérations des traders et des dirigeants bancaires"

"Un nouveau Bretton Woods, donnant tout son rôle au FMI et imposant des réglementations prudentielles dont le monde a besoin"

"Interdire aux fonds spéculatifs d'engager plus d'argent que ne le permettent leurs réserves ( cette interdiction existant déjà pour les banques).

"Confier le contrôle des institutions financières européennes à la B.C.E"

"Lutter contre les paradis fiscaux et le blanchiment d'argent sale par une politique répressive".

Seule la motion E, avec un grand sens de l'anticipation, a traité cette question de la crise financière mondiale, historique, avec autant de gravité, de clarté et de pertinence. Les autres l'ont à peine abordée.

Au delà des motions et du renouvellement de nos instances, qui ne voit que le PS tient là le sujet qui doit être sa véritable affaire, sa grande ambition: face à l' echec du capitalisme financier sauvage, offrir un autre systéme économique financier, humain, de gauche?

  • 2- un nouveau regard sur l'immigration

- un systéme sécurisé d'aller et retour avec visa permanent. ( pour le travail temporaire, saisonnier, en France);
- Faciliter les procédures de recrutement;
- Etre un pays attractif pour les étudiants étrangers;
- Régler au cas par cas la situation des travailleurs étrangers sans papiers;
- Une politique de co-développement.

  • 3- La lutte contre les discriminations qu'elles soient fondées sur le sexe, la couleur de la peau, l'origine, l'orientation sexuelle; discriminations dans l'accés à l'emploi, au logement, ou à la fonction politique.

  • 4- Reconnaître la diversité comme une chance pour la France. Aucune autre motion n'a prononcé le mot.

  • 5- Faire confiance aux élus locaux

  • 6- Faire du PS un parti décentralisé en le faisant fonctionner de façon ascendante et en donnant plus de responsabilité s aux fédérations car le PS n'est pas seulement la rue de Solférino.

  • 7- Faire du PS, enfin un parti d'adhérents, nombreux et respectés, ( avec la généralisation de la primo-adhésion à 20 euros) à l'instar des partis fréres du Royaume-Uni et de l'Allemangne, au lieu d'un parti réservé à une élite, voire à un "cercle de pensées"


Pour toutes ces raisons, je vote et appelle à voter pour la motion E.

Hassan BAHSOUN
Secrétaire de Section PS
Conseiller à l'AFE
DAKAR.

15/10/2008

La bourse repart... et après ?

Chers camarades,



Notre Président a eu beau, avec quelques autres puissants de ce monde, nous concocter en urgence une solution des plus onéreuses afin de rassurer les marchés – faisant ainsi un pied de nez des plus ironiques à l’ultralibéralisme dont ils se revendiquaient – le constat de départ reste le même : les crises financières s'enchaînent et s'accélèrent, avec comme point commun une spéculation excessive et débridée, déconnectant de fait la bourse et l'économie mondiale.



Loin de tomber dans le protectionnisme ou l’anti-libre-é changiste d'autres contributions, la motion E avait mis le doigt sur le problème et avancé des solutions réalistes avant même l'éclatement de la crise : son point 1. 2. "Mettons fin à la dérive spéculative des marchés financiers" exigeait ainsi « la mise en place de nouvelles régulations » ainsi qu’une « réorientation de l’épargne nationale vers l’investissement productif ». Il était également proposé de mettre en œuvre une « réglementation beaucoup plus stricte des rémunérations des traders et des dirigeants bancaires », bien avant la récupération opportuniste d’un certain Nicolas S. Il s’agissait par ailleurs de « confier le contrôle des institutions financières européennes à la Banque centrale européenne » et bien évidemment d’accentuer la « lutte contre les paradis fiscaux et le blanchiment d’argent ».



Soutiens de la Motion E au sein de la FFE, nous allons aujourd’hui beaucoup plus loin et proposons un plan d'action détaillé en 10 points :



1. Simplifier la lecture des marchés financiers, en mettant en place un système d’homologation des produits échangés : à l’origine, les produits dérivés, qu’ils s’agisse d’options d’achat ou de vente, de contrats à terme (forwards / futures) ou d’échanges de taux, devises ou matières premières (swaps), avaient une utilité économique, consistant à couvrir les entreprises et établissements financiers contre un risque de fluctuation d’un sous-jacent donné. Aujourd’hui, comme l’a encore montré l’affaire Kerviel début 2008, les acteurs des marchés financiers eux-mêmes sont parfois dépassés par leur propre stratégie, aidés en cela par des contrôleurs de « middle-office » insuffisamment formés et par trop admiratifs de leurs collègues traders, mais aussi par des dirigeants leur faisant une confiance aveugle et à la mesure de leurs profits. Cette mesure permettra sans nul doute un contrôle plus aisé des montages toujours plus exotiques élaborés dans les plus grandes salles de marché.



2. Exiger plus de transparence de la part des fonds alternatifs d’investissements (ou « hedge funds ») et empêcher la déconsolidation des créances douteuses des bilans bancaires par voie de « titrisation » : là encore, une pratique qui se voulait à la base utile pour l’économie, en mutualisant les crédits à risque des banques au sein de structures externes dont les titres étaient ouvertement des « investissements pourris » (junk bonds, en anglais), a perdu sa fonction première et finalement permis aux établissements de crédit de prendre toujours plus d’engagements en dépassant leurs réserves obligatoires. Il faudra donc faire la lumière sur ces montages et ne plus permettre autant d’excès ; il faudra également contraindre ces fonds d’investissement de plus en plus innovants à se conformer à la réglementation prudentielle conçue pour les établissements financiers.



3. Mieux encadrer les différents acteurs, à commencer par les agences de notation privées (telles Standard & Poor’s, Moody’s ou bien encore Fitch IBCA). Ces dernières sont en effet parmi les premières responsables de la récente crise de liquidité, se permettant de maintenir une notation très saine (de type AAA, Aaa, etc.) à des structures de titrisation à haut risque, ainsi qu’aux établissements détenant des titres pourris comme les créances américaines sur crédits immobiliers à risque, dits « subprimes ». En maintenant leur confiance à des banques d’investissement prestigieuses comme Lehman Brothers, les agences de notation ont failli à leur mission et précipité les premières faillites, en entraînant d’autres par propagation du risque systémique. Il faudra donc les contraindre à justifier régulièrement leurs choix.



4. Moraliser le métier, en limitant les salaires et primes des différents opérateurs de marché, en légiférant sur les primes de départ (ou « golden parachutes ») des dirigeants des grands établissements financiers et en revalorisant les métiers de contrôle du middle-office.



5. Relever les ratios prudentiels (de liquidité, solvabilité ou division des risques) imposés aux établissements de crédit par la Banque de France. Ces derniers ont été réformés à l’échelle internationale par le Comité de Bâle, mais dans les faits le niveau de fonds propres (ou réserves) exigé est resté sensiblement le même que par le passé, c'est-à-dire à environ 8% des actifs pondérés (prenant en compte les volume et risque des engagements en crédit et en titres d’investissement, et considérant le risque opérationnel de la banque en question). Les renationalisations récentes vont augmenter ces ratios, mais toutes les banques n’auront pas recours aux aides ou investissements de l’Etat et devront donc être renforcées en parallèle.



6. Réformer les normes comptables : là encore, une harmonisation internationale a déjà été lancée il y a quelques années, particulièrement au niveau des banques, qui sont déjà toutes tenues de se conformer aux normes IAS et IFRS. Ces normes, d’inspiration anglo-saxonnes, privilégient la comptabilisation des actifs en valeur de marché, ce qui a pour effet pervers de pousser à provisionner les pertes futures lorsque celles-ci deviennent plus probables, c'est-à-dire lorsque la banque est déjà en difficulté. Il faudra donc penser à inverser la logique de couverture des risques, en encourageant à mettre de l’argent de côté au plus haut des profits et en allégeant les contraintes en la matière en période de déficits ou en prévision de pertes.



7. Renforcer le rôle du commissaire aux comptes. En France, chaque établissement de crédit est contrôlé par deux « CAC » ou auditeurs externes pour un mandat stable de 6 ans. Il s’agit généralement de grands cabinets d’audit, risquant leur réputation pour tout défaut d’alerte en cas de détection de fraude. Les commissaires aux comptes sont déjà tenus de faire un rapport sur le contrôle interne de l’établissement en question, mais leurs équipes n’ont généralement pas assez de temps et sont insuffisamment formés – en ayant fait partie, je peux juger sur pièce ! – pour contrôler des opérations de marché toujours plus complexes. Il faudra donc accroître leurs moyens et légiférer afin d’exiger la rédaction d’un rapport spécial du commissaire aux comptes sur les activités de marché des établissements financiers.



8. Réorienter les financements des banques vers les investissements productifs et les PME. En effet, il est aujourd’hui parfois plus aisé, et surtout plus rentable, de placer ses liquidités sur les marchés que de prêter à des particuliers ou à des entreprises, particulièrement en période de ralentissement économique, alors que les taux d’intérêts sont bas et que les établissements de crédit devraient assumer leur fonction première de financement. Cibler en priorité les PME, éventuellement avec des ratios contraignants d’engagements, permettrait par ailleurs de mieux mutualiser les risques et de réduire le poids du capital dans l’économie.



9. Inventer un nouveau cadre réglementaire à l’international. L’Union européenne se doit de donner l’exemple, en mettant en place une politique économique digne de ce nom, voire en créant un fonds d’intervention et une autorité de supervision des marchés pour la zone euro, qui pourrait reprendre progressivement les prérogatives des autorités nationales et des banques centrales pour encadrer les établissements de crédits implantés dans plusieurs Etats-membres. Par ailleurs, profitons de la présence d’un de nos illustres camarades à la tête du FMI pour enfin effectuer son aggiornamento et renforcer ses objectifs et moyens.



10. Lancer le chantier d’une taxe sur les transactions financières à l’échelle européenne, voire internationale. Il faut battre le fer pendant qu’il est encore chaud ! Les acteurs des marchés financiers se rendent compte par eux-mêmes de leur vulnérabilité et des abus commis par leurs confrères. La spéculation à court terme doit être découragée et compensée par des actions réparatrices, après avoir causé autant de dégâts sur les marchés agricoles et engendré des émeutes de la faim en Afrique et en Asie. Il y a là une fenêtre d’opportunité extraordinaire pour remettre à l’ordre du jour une taxe de type Tobin, qui permettrait de financer le développement, par exemple par l’intermédiaire de la Banque mondiale.



Les porteurs de la motion E ne se contentent pas de diagnostics et de polémiques ; ils proposent et agissent en utilisant toutes les énergies et expertises citoyennes, et ce dans le respect de chacun.



Amitiés socialistes,



Baptiste Ast (Section de Bruxelles, Motion E)

12/10/2008

Je voudrais vous dire...

Chères et chers camarades,

Je voudrais vous dire…

Vous dire tout d’abord que, quelle que soit la motion de votre choix, vous aurez toujours droit à mon respect. Respect pour la majorité des idées contenues dans cette motion. Respect pour le travail militant que cela représente.

Vous dire également que, quelles que soient les motions qui l’emporteront à Reims, je me ferai un devoir de contribuer de mon mieux à leur mise en œuvre. Parce que je suis membre d’un parti et que je respecte le choix de ses militants.

Vous dire aussi que, pour autant qu’ils ne font pas du seul vote triennal des camarades réunis en Congrès et du Parti les seuls outils de leur carrière professionnelle, j’ai beaucoup d’admiration pour nos dirigeants, à tous les niveaux, du plus modeste au plus élevé.

Vous dire en fin que, pour ce qui me concerne, c’est dans la motion E que j’ai trouvé le plus de motivations pour poursuivre mon engagement. Non pas que les autres ne contiennent pas de nombreux principes et projets que je partage ! Mais parce que c’est dans la motion E que je retrouve le regroupement le plus complet de ceux auxquels j’adhère qui feront de la France, demain, un pays ouvert sur et au monde, apprécié et, parfois, de nouveau envié dans le monde entier.

Et notamment la volonté :

  • d’inventer un socialisme de notre temps, qui entend le monde avant de lui parler, qui transforme sans détruire, respectueux de la personne et de l’avenir de la planète, défenseur des plus faibles, innovateur économique, initiateur d’un monde plus juste et en paix ;
  • qui ne se résigne jamais devant les injustices ;
  • de faire du PS un parti de masse, démocratique et populaire, qui use de la pratique participative et des consultations publiques, qui consulte et écoute toute la gauche, la fédère aussi largement que possible, renoue avec les moins favorisés, respecte les décisions prises démocratiquement, fonctionne de manière ascendante et sait aussi décentraliser, avec pour ambition de rendre la société plus humaine ;
  • de réformer les relations et pratiques commerciales internationales par l’introduction d’une hiérarchie des normes internationales permettant le respect par tous de règles sociales et environnementales et par la promotion de l’autosuffisance alimentaire partout dans le monde ;
  • de repenser l’Europe en consultant ses citoyens, en relançant le dialogue social et en accélérant sa construction dans deux domaines plébiscités par ses peuples : la diplomatie et la défense ;
  • de réformer nos institutions en respectant les principes fondateurs de notre République, à savoir : la continuité, l’égalité et la neutralité des services publics, la liberté des médias et l’indépendance de la justice, le respect absolu de la laïcité et des droits de tous les citoyens ;
  • d’inventer pour notre pays une nouvelle économie de pointe, fondée sur la recherche, l’excellence environnementale, la culture et les créateurs dans tous les domaines, l’intelligence et les productions à forte valeur ajoutée permettant une redistribution équitable au profit de ceux qui la produisent et des plus démunis, notamment par une remise à niveau des systèmes de sécurité sociale, de retraite, de mixité sociale.

Bien amicalement à toutes et tous.
Jacques GERARD - Isolé - France